Nous étions le 11 mars 2020 et revenions tout juste de la semaine de relâche. Nous commencions à sentir une certaine insécurité parmi nos collègues, surtout venant de ceux qui prenaient le transport en commun ou avaient des enfants. La COVID-19 entrait de plein fouet dans nos vies.
Le 12 mars, le comité de direction prenait la décision de mettre tout le monde en télétravail pour le 16 mars au plus tard. La directive gouvernementale de mettre le Québec sur pause allait être annoncée le 23 mars. Notre façon de travailler allait donc profondément changer dès cet instant.
Nous avons mis en place des rencontres d’équipe virtuelles quotidiennes. Tous les matins à 9 heures, nous nous rejoignons donc sur Teams pour échanger. Cela fait maintenant 6 mois que nous vivons ainsi, chacun chez soi, à se parler de notre journée de travail de la veille et de celle à venir. Le côté « social » s’invite aussi à la table. Finalement, on en sait peut-être un peu plus sur chacun. En tout cas, nous nous parlons tous ensemble. La vie suit malgré tout son cours, certains se sentant manifestement très bien en télétravail, d’autres s’adaptant peut-être moins. Il faut dire que l’environnement dans lequel on vit joue un très grand rôle dans ces circonstances extraordinaires. On est content d’avoir une cour où respirer et on ressent beaucoup d’empathie pour nos collègues qui vivent dans un 2 et demi. En ce sens, parler à tout le monde le matin, ça donne peut-être le sentiment qu’on n’est pas seul.
Avant la mi-mars, notre carnet de commande était bien garni. Nous étions en pleine croissance, plusieurs contrats étaient sur le point d’être signés, nous assurant une belle stabilité financière. Nous recrutions pour l’avenir. Mais le Québec a été mis sur pause. Nos clients, surtout des PME, notamment dans le secteur manufacturier, ont aussi été mis sur pause. Les contrats à venir ont été suspendus, remis à une date ultérieure, indéfinie. Personne ne savait, personne ne pouvait prédire comment se passeraient les prochaines semaines, encore moins les prochains mois. C’était le blocage. Les clients ne voulaient plus dépenser d’argent. « On veille attentivement sur notre « cash flow », on est prévoyant, il faut s’attendre au pire. » Le plus dommage, c’est que nos solutions auraient pu aider nos clients à y voir plus clair, à mieux planifier leurs opérations, à établir divers scénarios et en analyser les conséquences. Mais quand le dialogue est rompu parce qu’on a peur que notre entreprise ferme, qu’on a peur de perdre notre emploi ou qu’on doive réduire nos heures pour le sauvegarder, quoi de plus normal que de mettre en suspens toutes les initiatives qui ont besoin d’une aide extérieure ?
Plusieurs longues semaines se sont écoulées. Le téléphone restait muet. Tout le monde était sur le qui-vive à guetter LA courbe. COVID-19 s’invitait très souvent dans les conversations, sujet universel qui nous touchait tous.
Nos clients, quant à eux, ont eu l’esprit tranquille pour les services et solutions que nous gérons. Notre équipe a continué d’opérer normalement et ils ont bénéficié du même niveau de services. C’est dans ces circonstances qu’on réalise davantage à quel point c’est une solution gagnant/gagnant en assurant stabilité et pérennité des opérations et des équipes qui les soutiennent.
Puis les beaux jours sont arrivés, accompagnés d’une certaine renaissance économique. Quelle drôle de coïncidence que le déconfinement ait eu lieu simultanément ! La COVID-19 a moins monopolisé les conversations. Nous avons commencé à sortir de notre torpeur. L’économie a repris tranquillement. Le téléphone a recommencé à sonner. On a réussi à passer au travers sans trop de casse. Reste à garder le bateau à flot. Il ne faudrait pas que la deuxième vague nous engloutisse.
Pendant cette période de 6 mois, nous avons dû faire preuve d’une grande adaptation autant d’un point de vue professionnel que personnel (les enfants qui font l’école à la maison pendant que nous-mêmes devons travailler, 24 h/24 tous ensemble dans nos foyers alors que ce ne sont pas des vacances, porter le masque, garder le 2 mètres, faire une croix sur les sorties, les soupers de famille ou entre amis). Certains auront trouvé cette période formidable, auront renforcé les liens familiaux. D’autres, au contraire, auront vécu un cauchemar, l’isolement et la détresse. A l’heure où les moyens de communication sont puissants, avons-nous réussi en tant qu’entreprise à maintenir un lien assez fort avec chacun de nos employés ? Avons-nous pu percevoir les moments de découragement chez certains ? L’organisation a-t-elle été en mesure d’apporter du soutien au bon moment ? Est-ce que des canaux de communication se sont rompus ? Le sentiment d’appartenance s’est-il délité ou renforcé ? Autant de questions auxquelles il faut être capable de répondre rapidement pour pouvoir corriger les éventuels problèmes, combler les lacunes et s’améliorer encore ou renforcer ce qui fonctionne bien. Parce que la COVID va rester parmi nous encore quelque temps. C’est l’une des rares certitudes que nous avons.
Pendant cette période de 6 mois, nous nous sommes activés et en avons profité pour apporter des modifications à nos produits, ajouter des fonctionnalités, améliorer ce qui devait l’être, mettre à jour notre documentation technique, raffiner nos processus opérationnels et de gestion, former nos employés et surtout, nous attacher à maintenir le plus possible les emplois. Pourquoi ce dernier point est-il si important ? Parce que nos employés comptent beaucoup et que leur bien-être nous tient vraiment à cœur. Nous avons travaillé fort pour bâtir cette équipe si complémentaire et diversifiée, composée de femmes et d’hommes qui prennent plaisir à travailler ensemble et à apprendre les uns des autres. Certes, tout n’est pas parfait mais ce qui fonctionne le fait bien. En ce sens, je veux particulièrement souligner l’adhésion des derniers arrivés qui n’ont passé que quelques semaines au contact physique de leurs collègues mais qui ont su si bien s’intégrer. Je veux aussi souligner tout le support que les employés leur ont apporté pour que cette intégration soit un véritable succès, malgré les contraintes imposées par ce contexte. Un sondage récent fait auprès de nos employés nous a permis d’évaluer si nous avions bien fait les choses depuis notre décision du 11 mars dernier Nous sommes à la fois heureux et soulagés d’avoir eu des retours très positifs. Écouter et s’adapter reste probablement la clé du succès alors il faut absolument persévérer et continuer à rester ouverts au changement. Qui sait quand nous pourrons nous donner une poignée de main ?
A l’approche des fêtes de fin d’année, nous sommes déjà à penser comment faire pour remplacer le traditionnel souper de Noël. Quelle ingénieuse idée allons-nous trouver pour compenser le manque de proximité physique ? Allons-nous pouvoir créer une expérience aussi chaleureuse par écrans interposés ? Des idées commencent déjà à jaillir dans la tête de plusieurs. Peut-être y décernerons-nous toute l’inventivité qui sommeille chez certaines personnes. Quoi qu’il en soit, cette étape marquera un nouveau jalon qui, nous l’espérons, pourra conclure l’année 2020 sur une note drôle, positive, rassembleuse et bienveillante.